Fiche : Accompagner un enfant nouvellement arrivé en France
Accompagner un enfant nouvellement arrivé
Finalité
Ton action est à concevoir comme un accompagnement dans la découverte d’un environnement (spatial, culturel, linguistique) nouveau, et notamment de nouveaux codes scolaires.
Tu vas jouer un ‘rôle de passeur’ à la fois initiateur dans la découverte du monde nouveau, créateur de liens entre la maison et l’école, entre l’enfant et ses nouveaux pairs.
Par quoi ça passe
Découverte d’un monde ‘nouveau’ et d’une nouvelle langue : accompagnement dans la découverte de la ville, de l’environnement proche et moins proches, des lieux importants ; sorties seuls, avec d’autres binômes ou en famille. C’est important que tu puisses privilégier les discussions afin que l’enfant
puisse travailler l’oral dans une approche non pédagogisante, et qu’il puisse s’exprimer sans peur du jugement.
Découverte de l’école et des ‘codes scolaires’: vous pouvez travaillez sur les « habitudes scolaires » à prendre et les compétences transversales (autonomie, présence à l’école, régularité..) mais aussi la dédramatisation des notes… L’idée étant que l’enfant que tu suis n’a pas forcément en tête les
attentes de l’école.
Tu vas devenir un relais entre la famille et l’école aussi, aussi il est bon que tu puisses rencontrer aussi bien l’enseignant que la famille de l’enfant pour pouvoir discuter des attentes de chacun. Toutes les discussions que tu auras avec les parents sur l’école pour désamorcer de potentielles incompréhensions entre parents et enseignants sont importantes.
Déjà vu déjà fait
Laisser des traces de l’arrivée dans le pays, tenir (tous les deux, ou à plusieurs) un journal, cahier de dessins, carnet de photos numériques à concevoir comme journal de bord des premiers mois (ex : le carnet de Bord réalisé par les enfant nouvellement arrivé suivis par l’afev d’Angers).
Travail à partir des nouvelles technologies : création de blogs, échanges avec ses amis en France ou à l’étranger, google Earth…Il est important de participer à casser le « ghetto » dans lequel l’enfant se retrouve vite enfermé (à l’école il se retrouve toujours entre enfants nouvellement arrivés de tous pays, séparés des autres et souvent ostracisés). En ce sens, tout ce qui peut favoriser des rencontres/ activités avec d’autres enfants (non nouvellement arrivés) va dans le bon sens.
Bonnes questions à se poser
Abandonner son pays d’origine, perdre tous ses repères, être perdu dans une langue, devoir tout apprendre très vite. Pour envisager l’accompagnement d’en enfant nouvellement arrivé la première question à se poser c’est « comment vivrais-je, moi, une telle situation » ?
Il est aussi important de comprendre les attentes de la famille par rapport à l’enfant. Il est fréquemment dans une situation où il va souvent plus vite s’intégrer que ses parents et se retrouve donc investi de responsabilités plus lourdes que les enfants de son âge (accompagner ses parents
chez le médecin, rédiger le courrier administratif, la correspondance avec l’école…).
Posture à adopter
- Importance de l’empathie : à savoir ta capacité à te décentrer pour comprendre l’enfant et sa famille. Accepter d’accompagner un enfant nouvellement arrivé, c’est aussi faire l’expérience de l’altérité. Cela implique que tu sortes de tes propres références afin de comprendre les logiques propres à l’enfant et sa famille. L’écoute, la discussion, l’ouverture d’esprit et la souplesse d’intervention sont à ce titre des qualités très importantes.
- La question des résultats scolaires : tu seras souvent confronté à des enfants ou jeunes désireux de s’investir dans l’école mais découragés par leurs notes notamment parce qu’ils ne comprennent pas ce qu’on attend d’eux à l’école. Ne soit pas toi-même trop déçu s’il/elle ne fait pas les progrès
espérés. Explique leur que ça prend du temps mais qu’ils vont s’adapter. Aide-les à relativiser la pression scolaire que leurs familles ou eux-mêmes s’imposent.
Malgré la meilleure volonté du monde, sois attentif à ne pas être dans une posture dite « d’assignation culturelle » à savoir la référence univoque à la culture d’origine qui peut être enfermante pour l’enfant. L’enfant n’est pas « porteur d’une culture », tout comme toi, il s’en fabrique une au fil de son parcours, avec ce qu’il garde se son pays d’origine mais aussi ce qu’il prend de son pays d’accueil et d’autres influences !
Quoi qu’il en soit, avec l’enfant, soyez dans une posture où vous regardez ensemble vers le futur, plutôt que de l’obliger constamment à parler du passé.
Warning !
Certaines questions peuvent être délicates pour l’enfant et sa famille : sur le passé ou sur l’avenir s’il est incertain (c’est le cas notamment des demandeurs d’asile). Laisse l’enfant se confier librement quand il en a envie.
Travail sur la langue : tu n’es pas un technicien spécialiste en Français Langue Etrangère. Ce n’est ni ta compétence ni ta mission. D’où l’importance d’avoir un contact renforcé avec les enseignants spécialisés pour les laisser faire leur travail.
La situation familiale de l’enfant que tu vas accompagner peut être complexe : structure familiale éclatée au cours du processus migratoire puis recomposée, modèles différents d’autorité familiale ; tu seras peut-être un peu perdu…donc prends le temps de comprendre comment la famille fonctionne.